Les défis que le secteur de la réassurance va devoir relever

Les défis que le secteur de la réassurance va devoir relever

Les défis que le secteur de la réassurance va devoir relever

Changement climatique, cybermenaces, épidémies, guerre en Ukraine, inflation… Le marché de l’assurance et de la réassurance est confronté à un monde de plus en plus incertain. Dans ce contexte, la réassurance, plus que jamais un élément essentiel du secteur assurantiel, va devoir évoluer et surtout devenir davantage proactive. Témoignage de Julian Enoizi, Global Head of Public Sector Practice chez Guy Carpenter. 

Parole
d'expert

« Les répercussions de la guerre en Ukraine sur l’inflation et l’économie en général sont considérables. La reconstruction de l’Ukraine qui nécessitera d’engager des sommes colossales est un défi de taille pour le secteur de l’assurance. Mais ce sont, sans nul doute, les tendances mondiales de fond que sont le changement climatique et les cybermenaces qui questionnent le plus l’industrie de l’assurance, » analyse Julian Enoizi, Global Head of Public Sector Practice chez Guy Carpenter. En 2022, pour la deuxième année consécutive, les pertes assurées liées aux catastrophes naturelles ont dépassé les 100 milliards de dollars US (soit 92,25 milliards d’euros) contre une moyenne décennale de 72 milliards. Selon l’étude du spécialiste de la cybersécurité Check Point, les cyberattaques mondiales ont, quant à elles, augmenté de 38 % en 2022 par rapport à 2021.

Des produits garantis par l’État

Or, ces risques « émergents » sont difficiles à quantifier et leurs impacts ne sont pas encore clairement identifiés. L’historique des données les concernant n’est en effet pas assez ancien et fiable pour être modélisable. Leur nature même semble ne pas se prêter à la modélisation qui constitue pourtant le cœur du modèle économique de l’assurance. C’est donc une véritable menace systémique qui plane sur la rentabilité du secteur.

 

« En ce qui concerne le changement climatique, le secteur est supposé présenter des offres d’assurance pour les porteurs de nouvelles technologies destinées à favoriser la transition écologique. Mais sans données actuarielles comment inventer des produits adaptés et aider ces entreprises à innover ? La question se pose également pour les risques pandémiques et cyber, » relève Julian Enoizi. Une partie de la solution se trouve dans la capacité de l’industrie de l’assurance à collaborer avec les gouvernements. « Le principe est de créer des mécanismes d’assurance qui puissent être garantis par l’État au-delà d’un certain niveau. La France a l’habitude de ce type d’approche avec des mécanismes comme le Gareat [Gestion de l'assurance et de la réassurance des risques attentats et actes de terrorisme] qui gère la réassurance des risques pour le compte de ses adhérents avec le soutien des réassureurs internationaux et de l’État français qui accorde sa garantie illimitée, » ajoute l’expert de Guy Carpenter.

Le manque de capacité des réassureurs

Un autre problème, et de taille, se pose aux réassureurs : celui de leur manque de capacité. Ces dernières années, notamment du fait de l'impact de ces nouveaux risques, les acteurs de la réassurance peinent à maintenir leur rentabilité. Craignant que ces réassureurs ne soient pas en mesure de maintenir la discipline des prix à l'avenir, les investisseurs sont donc plus prudents lorsqu'ils décident de soutenir le secteur, ce qui réduit encore sa capacité financière à couvrir ces risques.

 

Dans un tel contexte, le secteur de la réassurance doit drastiquement changer de modèle s’il veut s'adapter. Par rapport aux nouveaux risques, il doit adopter une approche plus proactive, notamment vis-à-vis du changement climatique, en ne s’appuyant plus sur les données historiques, mais en recalibrant régulièrement les modèles afin de comprendre les risques auxquels l'industrie est confrontée à court terme.

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