Bienvenue dans Les Avisés, le podcast MMA Entreprise qui décode le monde de l'assurance. Ensemble, nous rencontrons des experts MMA Entreprise qui décryptent, analysent et vous éclairent sur les risques d'entreprise. Aujourd'hui, c'est Marie-Hélène Izac, préventrice dommage aux biens chez MMA, qui nous parle du risque inondation en milieu entreprise. C'est parti !
Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer en quelques mots ce qu'est le risque inondation ?
Le risque inondation, c'est avant tout un aléa naturel, une eau en mouvement dans des zones habituellement hors d'eau.
Est-ce qu'il y a différents types d'inondation ?
Les trois types principaux sont le débordement de cours d'eau, où nous avons un cours d'eau qui déborde, en général dans une zone de plaine, et là nous avons des hauteurs d'eau parfois très importantes, des durées de submersion importantes et des vitesses relativement modérées.
Le deuxième type est la crue torrentielle, par exemple les crues du Gave de Pau, du Var, de la Loire dans son bassin à Monts, où là on a une eau qui coule très vite, c'est souvent sur des zones pentues, des hauteurs d'eau plus ou moins importantes et une durée de submersion généralement très très courte.
Et le troisième type, c'est le ruissellement. Le plus connu d'entre eux, c'est Nîmes dans les années 80, et encore plus récemment dans les Hauts-de-France en fin d'année dernière.
Quel dommage peut-on craindre quand on parle de risque inondation ?
On a des dommages de mouilles, alors des marchandises qui se retrouvent mouillées, ça peut être aussi des moteurs en partie basse et des bas d'armoires électroniques. On a des dommages structurels sur les constructions, puisque l'eau applique une force qui peut fragiliser la stabilité d'une construction. Et puis une des particularités de l'eau, l'eau ne brûle pas, comme le feu, mais par contre elle soulève et elle transporte des véhicules et des réservoirs. Donc quand les réservoirs ou même les sols contiennent des polluants, on a une aggravation du sinistre par des dommages de pollution.
Ensuite, une particularité du risque inondation, c'est qu'il se contente rarement du périmètre d'une entreprise. Il concerne tout un secteur et ces entreprises, elles sont desservies par des routes, des voies d'accès, qui elles aussi, en cas d'inondation, peuvent être endommagées et devenir impraticables. Du coup, les secours sont compliqués, secours à personne, mais secours aussi pour remettre en état l'électricité, les services d'eau potable, etc. Donc les dommages d'inondation vont bien au-delà de simplement la perte de matériel.
On peut imaginer que tout ça entraîne une pause dans les activités de l'entreprise ?
Ah oui, plus qu'une pause, au mieux une perturbation d'activité, mais parfois c'est carrément l'arrêt d'activité. Et pour le redémarrer, puisque le parc machine, par exemple, peut avoir été trempé dans les 20 cm et pouvoir redémarrer, mais avant de le redémarrer, il faut quand même vérifier que les moteurs sont secs, il faut faire des contrôles électriques, des choses qui sont très importantes et qui concernent souvent la totalité de l'entreprise. On a des frais liés au nettoyage, au retrait des déblais, au séchage, ça c'est propre à l'eau, et donc ça augmente le délai de redémarrage.
Est-ce que vous auriez des exemples de sinistres à partager avec nous ?
Je peux partager avec vous l'exemple d'un magasin de vente d'articles de bricolage qui a été sinistré deux fois de suite en moins de deux ans. Et en fait, la première fois, c'était un événement très important, puisqu'on parle de crues centenales. Donc après avoir été fortement endommagé dans ses agencements, dans ses marchandises, donc ça lui a pris cinq mois pour redémarrer, rouvrir son magasin à la clientèle. Et dans les 18 mois qui ont suivi, ils ont eu à nouveau un autre sinistre. Là, ils ne se sont arrêtés que deux mois. Par contre, ils devenaient inassurables pour le marché. MMA a proposé de faire un audit, ce qui a été réalisé avec une proposition d'aménagement. L'industriel a mis à peu près deux ans et demi pour faire les travaux, pour s'organiser. À la suite de quoi, MMA est retourné sur place et a validé le schéma de mise en sécurité du site. Et il se trouve que trois mois après, il y a eu une nouvelle crue centenale. Le site a tout de suite réagi. Il a mis en place son plan inondation. Il a fermé le site un peu plus tôt que d'habitude, mais le lendemain matin, il est reparti. Il a pu rouvrir. On peut faire des choses en inondation, même si on n'a pas la main sur l'aléa.
Justement, quelles mesures mettre en place pour limiter les dommages d'inondation ?
Ah ! Pas facile de répondre à cette question parce qu'il faut déjà bien savoir ce que l'on veut protéger. On pourrait vouloir tout protéger, faire Fort Knox, comme je dis des fois, mais c'est économiquement impossible. Donc, en fait, ce qui est important, c'est de savoir dans quel délai l'eau va arriver, sur quelle hauteur, et à partir de là, on identifie à travers le diagnostic de vulnérabilité ce qui est le plus important à protéger. Ça peut être un parc machine ou une partie de parc machine. Ça peut être uniquement le transfo. Ça peut être un stock de marchandises parce qu'il est particulièrement vulnérable, etc. C'est l'entreprise qui sait quels sont ses biens les plus critiques.
Tout ça, on le formalise dans un plan inondation ?
C'est ça, exactement. C'est le recueil de l'analyse de l'aléa, le descriptif du ou des scénarios retenus pour ensuite dire, voilà, on a opté pour telle stratégie. Là, on laisse passer l'eau parce qu'il n'y a rien à craindre. On pourra nettoyer rapidement. Ça, c'est trop sensible, on va le protéger. Alors, il y a des protections définitives. Par exemple, un transfo, on peut le surélever définitivement. Il faut tirer les câbles, c'est un peu compliqué. Il vaut mieux l'avoir prévu à la construction. Mais sinon, on peut rendre son local étanche. Et puis, quand les volumes à protéger sont plus importants, à ce moment-là, on applique la mesure qui, pour moi, est phare, c'est-à-dire un dispositif de batardeaux. Mais attention, un dispositif contre l'inondation, c'est un dispositif qui doit être pensé dans sa globalité. Et donc, il ne faut pas s'improviser, installateur de batardeaux. Il faut consulter des bureaux d'études, des experts, parce que l'eau, c'est quand même un agent qui a une grande force et beaucoup de côtés malicieux.
Pour terminer, quel est votre conseil avisé d'expert s'agissant du risque inondation ?
Eh bien, si votre client est exposé à l'inondation, d'une manière ou d'une autre, qu'il nous consulte. Et nous trouverons toujours des solutions pour réduire la vulnérabilité des entreprises au risque inondation.
Merci beaucoup Marie-Hélène pour votre éclairage. À très bientôt dans les Avisés, le podcast MMA Entreprise qui décode le monde de l'assurance.