Transition énergie climat

Transition énergie climat

Mis à jour le 29/05/2024

Les opportunités d’une transition énergie climat pour votre entreprise

Pour répondre à l’urgence climatique et atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, fixé par l’Accord de Paris, il est essentiel de s’attaquer à son empreinte carbone et environnementale. Les entreprises sont en première ligne pour atteindre ces objectifs et les différentes réglementations viennent les y inciter. Décryptage des opportunités que représente une transition énergie climat pour votre entreprise.

Par transition énergie climat, il faut entendre une transition qui couvre à la fois le CO2 lié à l’énergie et une stratégie bas-carbone, mais aussi l’eau, les déchets, la biodiversité et la préservation des ressources naturelles. Applicable depuis le 1er janvier 2024, la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) prévoit que les entreprises (PME[1] et ETI comprises à partir de 2027 sur les données 2026) présentent un reporting extra-financier sur la mesure de leurs impacts et la présentation de leur trajectoire sur les dimensions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Jérôme Teissier, président de Naldéo, bureau d‘étude et de conseil, spécialisé dans les enjeux énergie et climat, explique : « toutes les entreprises sont concernées, qu’il s’agisse d’une entreprise industrielle, d’une entreprise du BTP ou d’une entreprise de service. L’entrée en vigueur de la CSRD les impacte toutes, puisque toute la chaine de valeur est désormais scrutée ». 

Opportunité économique et résilience

La CSRD impose une transparence sur les impacts et sur la trajectoire d’amélioration, une réflexion sur l’empreinte écologique de l’entreprise, et donc un plan d’action pour réduire cette empreinte. Cette transition comporte de vraies opportunités. En premier lieu, économique. Avec la crise de l’énergie et l’augmentation des prix du gaz et de l’électricité, les entreprises ont dû passer à l’action pour optimiser et réduire leur consommation. Même réflexion pour l’eau. Jérôme Teissier prend l’exemple de sites industriels sur lesquels il est intervenu : « dans peu de sites, on dispose d’une connaissance précise de la consommation d’eau et de la manière dont l’utilisation de la ressource est répartie. Le fait de mesurer permet de se rendre compte de ce qu’on dépense, de ce qui est superflu ou gaspillé, comme les fuites d’eau, et donc de réfléchir à comment améliorer sa consommation. Il ne faut pas opposer la durabilité à la rentabilité. La sobriété est économique. »

Pour aller vers une économie sobre en ressource et décarbonée, de nombreux investissements et changements sont nécessaires. Jérôme Teissier insiste : « nous allons vers une révolution quasiment de même ampleur que la révolution industrielle de la fin du XIXème siècle. De nouvelles activités, de nouveaux secteurs, de nouveaux produits vont être créés. On pense à l’hydrogène, à la capture du carbone ou, dans un autre registre, au secteur du vélo, encore peu développé en France. Certains acteurs vont devoir s’adapter, mais les contraintes vont créer des opportunités. Des investissements sont nécessaires, et peuvent être soutenus par des aides de l’État (subventions, crédits d’impôts) pour assurer cette transition. »

Autre avantage à envisager sa transition énergie climat : améliorer son autonomie et sa résilience. Qu’il s’agisse d’une exploitation agricole qui investit dans un méthaniseur ou d’un supermarché qui place des ombrières photovoltaïques sur son parking, cette production d’énergie décarbonée permet une énergie locale, moins sensible aux crises (pandémie, tensions géopolitiques, etc.).

  • "Il ne faut pas opposer la durabilité à la rentabilité. La sobriété est économique."

    Jérôme TEISSIER président de Naldéo

Les chemins pour engager sa transition

Par où commencer ? Jérôme Teissier conseille : « pour un chef d’entreprise qui souhaite amorcer sa transition énergie climat, il est important de ne pas partir seul, de se former et de connaître les bonnes pratiques. Échanger avec des experts, mais aussi avec des pairs est stimulant et permet d’envisager les meilleures solutions pour son entreprise. »

L’étape suivante est de faire son bilan carbone. Sa réalisation est soutenue par l’État, via des aides financières (BPI, ADEME…), et permet d’entamer un processus de réflexion vers sa transition. Ce rapport permet de comprendre que tout génère du carbone, de son ordinateur à son assurance, en passant par son site de production ou la voiture des collaborateurs pour venir travailler.

La troisième étape consiste à mesurer et assembler ces données. Pour agir, il faut savoir d’où l’on part et connaître son impact, qu’il soit sur la biodiversité, sur sa consommation d’eau ou d’énergie ou sa production de déchets. Il est facile de commencer par des indicateurs simples (pour mesurer l’eau, l’énergie, l’air comprimé, etc.) en s’équipant avec des capteurs, qui ne représentent pas un gros investissement.  « De la même manière que les entreprises se sont équipées en logiciels comptables ou RH, il faut intégrer la collecte de données environnementales à l’entreprise, remarque Jérôme Teissier. De tels logiciels n’existent pas encore ou à la marge. Il faut imaginer les entreprises industrielles qui ont plusieurs sites et le travail colossal de collecte et d’indicateurs d’impacts à fournir ! Il faudrait créer un nouveau métier de responsable de la transition climat. Ce serait une personne qui a des compétences techniques et qui pourrait travailler main dans la main avec les responsables RSE pour collecter les données et penser la transition. »

Enfin, pour vraiment engager et réussir sa transition énergie climat, il est important d’embarquer ses équipes. Les salariés aujourd’hui sont en attente d’engagements de la part de leur entreprise. Leur proposer les ateliers de la Fresque du climat par exemple, et faire comprendre ensemble que le climat est un sujet collectif.


[1] Rapport à fournir pour les PME cotées qui répondent à deux des trois critères suivants :

- plus de cinquante salariés
- un bilan supérieur à 4 millions d’euros
- un chiffre d’affaires supérieur à 8 millions d’euros

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