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Mis à jour le 21/11/2024

Biomasse : concilier production d'énergie et préservation des écosystèmes

Le chemin qui permettra à la France d'atteindre ses objectifs de transition énergétique est connu : décarboner le mix énergétique - dont plus de 60% dépend des énergies fossiles - avec une augmentation significative de la consommation d'électricité [1]. Alors que la part d'énergie renouvelable produite en France était de 22,2% en 2023 (de notre consommation d'énergie finale), l'enjeu est d'accélérer. Selon les scénarios de l'ADEME, l'agence de la transition écologique, pour arriver à une neutralité carbone, il faudra d'une part réduire nos consommations d'énergie et d'autre part développer les énergies renouvelables à hauteur de 70 à 88% selon les scénarios. Dans cette optique, la biomasse joue un rôle primordial dans la transition énergétique et écologique.

La biomasse est l'ensemble de la matière organique d'origine végétale ou animale, soit le bois, la matière première agricole, les algues ou encore résidus organiques. Son première usage est l'alimentation. Viennent ensuite les produits biosourcés (ex : le bois pour la construction ou l'ameublement, les peintures, les isolants ou les molécules biosourcées...), qui peuvent souvent remplacer des produits pétro-sourcés, ou très consommateurs d'énergie à la fabrication (comme le fer ou le béton). Le troisième usage de la biomasse est la production d'énergie.

  • "On ne pourra pas atteindre la neutralité carbone sans une contribution forte du secteur de la biomasse."

    Jérôme MOUSSET Directeur Bioéconomie et Énergies Renouvelables à l'ADEME

Jérôme Mousset le dit ainsi sans détour : "Sa première contribution concerne son rôle en tant que puits de carbone, par sa capacité à capter le CO2 de l'atmosphère et stocker durablement le carbone dans le temps, dans les arbres et les matériaux utilisés. Sa deuxième contribution concerne son effet de substitution, par sa capacité à remplacer les ressources non renouvelables, et notamment les énergies fossiles."

La biomasse, une grande source d'énergie renouvelable.... mais limitée

La biomasse peut être transformée en plusieurs vecteurs énergétiques : en chaleur, par combustion (poêle à bois, chaufferie, etc.), en électricité via des centrales de cogénération (production d'électricité tout en valorisant la chaleur produite), en biogaz par méthanisation ou pyrogazéification, et en biocarburants liquides comme le bioéthanol ou le biodiesel.
Elle peut être considérée, à ce titre, comme la plus grande source d'énergie renouvelable actuellement utilisée, devant l'hydraulique ou l'éolien par exemple. Pour autant, elle est par nature limitée : "la biomasse est renouvelable et durable à la condition de préserver dans le temps la qualité des écosystèmes, explique Jérôme Mousset. Même si le volume de biomasse est important en France en raison des surfaces forestières et agricoles sur le territoire, sa disponibilité reste limitée ou conditionnée à une évolution de nos pratiques (agricoles et alimentaires notamment), d'où l'importance d'optimiser ses usages, de ne pas la gaspiller et de l'utiliser en priorité là où elle apporte un meilleur service à la société."

Le bouclage de la biomasse, notamment, est décisif : assurer un équilibre entre la production et l'utilisation de la ressource, tout en préservant les écosystèmes et en répondant aux différents besoins. Jérôme Mousset insiste : "il faut que les objectifs soient en cohérence avec la capacité de production sur les territoires et avec les écosystèmes. Si le niveau de prélèvement va au-delà de la capacité, il n'y a plus de durabilité, et donc une décapitalisation des écosystèmes. Cette question est d'autant plus importante dans cette période d'accélération du changement climatique qui fragilise considérablement certains écosystèmes. La préservation des forêts face au changement climatique constitue un enjeu de premier ordre. Aussi, la valorisation de la ressource doit nécessairement s'ajuster au potentiel disponible localement et s'articuler avec les objectifs d'adaptation au changement climatique." Pour utiliser efficacement la biomasse, il est donc nécessaire, au préalable, d'étudier les co-bénéfices, la cohérence avec les stratégies d'adaptation au changement climatique, et de démontrer la plus-value du service rendu par rapport à l'énergie ou le produit concurrent.

Outre sa durabilité, parmi les nombreux avantages de la biomasse figurent son prix et sa stabilité.
Elle permet aussi de développer les circuits courts et l'économie locale. Par exemple, un agriculteur peut valoriser le bois de ses haies en bois énergie, pour son propre usage ou pour le revendre à une commune ou à une entreprise locale. Cette démarche contribue par ailleurs à valoriser et maintenir les haies riches en biodiversité et très utiles pour adapter les exploitations agricoles au changement climatique. Autre atout : sa capacité d'adaptation à toutes les tailles d'entreprises, avec notamment le bois énergie, pour la combustion et la production de la chaleur, ou les bioénergies de manière générale qui peuvent être utilisées autant par des micro-entreprises que par de grands industriels ou des collectivités.

 

Bonnes pratiques à suivre

Avant de se lancer dans un projet biomasse, plusieurs étapes doivent être respectées. La première consiste à bien s'informer en amont. "Il est nécessaire de commencer par diagnostiquer sa consommation d'énergie, conseille Jérôme Mousset. Avant de passer aux énergies renouvelables, et dimensionner son installation, nous recommandons de mettre en oeuvre les actions d'efficacité énergétique et sobriété permettant de réaliser des économies d'énergie. Il faut toujours garder en tête que le premier objectif est de réduire sa consommation. Il est ensuite utile d'élargir la recherche de solutions à toutes les énergies renouvelables disponibles localement et de choisir la plus adaptée à son usage. Dans le cas de la biomasse, il est important de bien se renseigner sur la ressource disponible localement et des possibilités d'approvisionnement en matière première, un des facteurs clés pour rester dans une logique d'économie circulaire locale et durable. Il existe aujourd'hui des certifications forestières, et même des certifications de haies qui apportent des garantis sur la gestion des écosystèmes."

Dans les années à venir, l'énergie produite grâce à la biomasse devrait continuer à se développer, avec une augmentation significative des usages de chaleur renouvelable pour les entreprises et les collectivités avec des installations de plus en plus performantes, ainsi qu'une augmentation du biogaz issu de méthanisation. Jérôme Mousset estime que "l'enjeu est d'avoir une vision globale pour s'assurer de la meilleure répartition possible entre les usages, et en cohérence avec la ressource disponible dans les territoires."

Plus d'informations : 
https://presse.ademe.fr/2024/03/avis-dexpert-la-biomasse-un-enjeu-strategique-de-la-transition-ecologique.html

 


[1] https://www.ecologie.gouv.fr/transition-energetique-en-france

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