Mix énergétique & décarbonation

Mix énergétique & décarbonation

Mis à jour le 04/09/2024

Mix énergétique : les enjeux de la décarbonation pour votre entreprise

Vous souhaitez emmener votre entreprise vers une transition énergie climat ? Pour y parvenir, il est intéressant de vous intéresser au mix énergétique (part des différentes énergies utilisées : fossile, nucléaire ou renouvelable) et de réfléchir à comment augmenter la part d’énergies décarbonées dans votre approvisionnement. Éléments de réflexion avec Jérôme Teissier, président de Naldéo, bureau d‘étude et de conseil, spécialisé dans les enjeux énergie et climat.

  • Optimiser son mix énergétique constitue un investissement dans l’avenir, aux bénéfices multiples. 

    Jérôme TEISSIER Président de Naldéo

Il existe plusieurs types d’énergies décarbonées : les énergies renouvelables électriques (hydroélectricité, éolien, solaire), les thermiques (biogaz, géothermie) et le nucléaire – qui n’est pas renouvelable (à cause de l’utilisation de l’uranium), mais décarboné. Par opposition, les énergies carbonées sont, pour l’essentiel, le pétrole, le charbon et le gaz. Le mix énergétique est différent selon les pays. Jérôme Teissier détaille : « grâce au nucléaire, la France est très en avance, avec un mix énergétique à 60% carboné et 40% décarboné. Dans le reste du monde, le rapport est de 80% - 20%, c’est-à-dire que la part d’énergie carbonée est encore de 80%. On voit le challenge et l’importance de la décarbonation. »

Se conformer à la législation, optimiser son autonomie et sa résistance

Décarboner constitue un enjeu de taille pour les entreprises. L’objectif européen de baisser les émissions de CO2 de 55% d’ici 2030 et d’arriver à zéro en 2050 est notamment à l’origine de la mise en place de la CSRD ( Corporate Sustainability Reporting Directive). En vigueur depuis le 1er janvier 2024[1], cette directive européenne a pour objectif de renforcer le reporting extra-financier des entreprises sur la mesure de leurs impacts et la présentation de leur trajectoire sur les dimensions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). La CSRD demande aux entreprises de fournir un rapport annuel présentant un certain nombre de données ESG, mais aussi leurs objectifs, performances et stratégie en matière de développement durable. En améliorant son mix énergétique par l’usage de sources d'énergie renouvelable et la réduction de de sa consommation énergétique, une entreprise peut se conformer plus facilement à la réglementations, éviter les amendes et les sanctions et surtout se placer dans une trajectoire compatible avec l’Accord de Paris.

Optimiser son mix énergétique constitue un investissement dans l’avenir, aux bénéfices multiples. Très concrètement, installer un méthaniseur dans son exploitation agricole et transformer les matières organiques (matières agricoles, fumier et lisier) en biogaz, permet d’allier autonomie et rentabilité. Jérôme Teissier explique : « sur des sites industriels, transformer une chaufferie diesel ou gaz en une chaufferie biomasse ou géothermique est non seulement une manière de décarboner, de produire localement, mais aussi d’améliorer sa rentabilité une fois l’investissement amorti. Selon le type de bâtiments, il est possible d’installer du solaire thermique. Il existe aussi la récupération de la chaleur fatale, qui est la chaleur perdue dans les process industriels et qui peut être réemployée. »

De même, les investissements durables et responsables engagés peuvent permettre d’augmenter la résilience, notamment face aux risques climatiques et géopolitiques (avec l’approvisionnement en gaz russe, par exemple, ou la volatilité des prix du pétrole). En diversifiant et en optimisant son mix énergétique, l’entreprise peut baisser et stabiliser ses coûts énergétiques en réduisant sa dépendance aux combustibles fossiles, dont les prix sont extrêmement fluctuants.

Cette optimisation représente aussi l’avantage de renforcer la réputation environnementale de l’entreprise et de répondre aux pressions ou aux attentes croissantes des clients, des fournisseurs, des assureurs, des consommateurs et de toutes les parties prenantes en matière de durabilité. Une meilleure attractivité qui peut se révéler un facteur de différenciation avec ses concurrents, qui peut créer de nouvelles opportunités d’innovations et qui peut même apporter de nouveaux marchés et attirer les talents !

 

Mode d’emploi, pour faire évoluer son mix énergétique

Pour emmener son entreprise vers une transformation énergétique, il est important de bien analyser son besoin et d’établir un diagnostic de la situation. Cette analyse servira à déterminer les différents leviers mobilisables et les solutions applicables. Jérôme Teissier précise : « il existe de nombreuses aides et subventions de l’État, comme la BPI qui prend en charge 50% des diagnostics Éco-Flux ou Décarbon’Action, ou certaines agences locales qui financent les diagnostics réalisés sur l’optimisation énergétique et la décarbonation. On trouve aussi des aides à l’investissement. Au bout du compte, le plus important est la motivation de l’entreprise à accomplir cette démarche. Une fois convaincue, la réalisation est fluide et bien encadrée ».

Résumé des étapes en 4 mots : conviction, formation, diagnostic et réalisation. Enfin, il est nécessaire d’être bien accompagné, afin d’identifier précisément les problématiques et de leur apporter les solutions les plus adaptées, afin aussi, de les hiérarchiser et de définir la stratégie sur le long terme.

 


[1] 50 000 entreprises sont concernées à terme : les grandes entreprises de plus de 250 salariés et de plus de 50 millions € de CA (ou de plus de 25 millions de total de bilan), les PME cotées en bourse et les entreprises non européennes ayant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 150 millions d’euros sur le marché de l’UE.

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