Tout savoir sur la méthanisation

Tout savoir sur la méthanisation

Mis à jour le 10/04/2025

Tout savoir sur la méthanisation

La méthanisation est un procédé qui consiste à produire, à partir de matières organiques décomposées par des bactéries une énergie renouvelable, le méthane, ainsi que le digestat (les résidus « digérés »), qui peut être utilisé comme du fertilisant. Zoom sur une solution qui permet de valoriser les déchets organiques et agroalimentaires en les transformant en biogaz, une énergie verte et locale.

Le processus de méthanisation se déroule en l'absence d'oxygène, dans une cuve hermétique appelée digesteur ou méthaniseur, où des bactéries transforment la matière organique en un mélange gazeux composé principalement de méthane et de dioxyde de carbone. Parmi les matières premières utilisées, qui sont nommées les intrants, il y a des déchets organiques issus de l’agriculture (fumiers, lisiers, résidus de cultures…), de l’industrie agroalimentaire ou des collectivités (déchets domestiques, de restauration collective…). Ces déchets sont triés, brassés et introduits dans le digesteur, pour commencer le processus de digestion anaérobie. Le biogaz ainsi produit peut ensuite être utilisé pour générer de l'électricité et de la chaleur, ou être injecté directement dans le réseau de gaz naturel après épuration. Le résidu solide de la fermentation, appelé digestat, est un fertilisant naturel riche en minéraux qui peut se substituer aux engrais chimiques.

Parole
d'expert

  • La méthanisation est un moyen de valoriser les déchets organiques, en produisant de l'énergie renouvelable ainsi qu’un engrais biologique.

    Alexandre Bizot Responsable Souscription Risques Techniques chez MMA

Avantages et inconvénients de la méthanisation

La méthanisation est une solution pour les entreprises qui ont besoin de traiter des déchets, notamment les exploitations agricoles, les industries agroalimentaires et les collectivités.

Alexandre Bizot, responsable souscription Risques Techniques chez MMA, détaille les avantages du procédé :  la méthanisation est un moyen de valoriser les déchets organiques, en produisant de l'énergie renouvelable ainsi qu’un engrais biologique. Elle permet aussi de traiter des déchets organiques non compostables. De plus, elle contribue à produire une énergie renouvelable locale, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à créer une dynamique économique territoriale en s’inscrivant dans une logique d’économie circulaire. Enfin, elle donne lieu à la création d’un revenu au travers de la vente de l’énergie créée. 

Il existe aussi des freins au procédé, à commencer par l’approvisionnement en déchets. En effet, pour créer une filière rentable et pérenne, il est indispensable que les déchets entrants soient disponibles sur la durée. Il faut aussi prendre en compte les installations, précise Alexandre Bizot.

Les centrales de méthanisation sont de grosses infrastructures qui nécessitent des investissements conséquents. De plus, il faut avoir en tête que pour créer des déchets à méthaniser, il est possible d’avoir des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) qui seront utilisées comme intrants, mais ces cultures doivent être gérées de manière raisonnée sans déséquilibrer la production agricole alimentaire

Risques et mesures de prévention

Le risque principal lié à un méthaniseur est le bris de machines, du fait de la présence de nombreux équipements (notamment les agitateurs, compresseurs, pompes, broyeurs, moteurs, épurateurs), mais également de la présence d’hydrogène sulfuré (H2S) dans le biogaz, qui a un caractère corrosif. Autre point d’attention : le risque d’intoxication en cas d’intervention de techniciens dans le méthaniseur sans équipement de protection adapté.

Il existe aussi une part de risque d'incendie ou d'explosion due à la présence de méthane dans les installations de biométhanisation.

Enfin, la fuite de digesteurs (rupture ou débordement à proximité d’un cours d’eau) ou la présence involontaire de produits chimiques dans les intrants (qui pourraient se retrouver dans le digestat, utilisé comme engrais) peut provoquer une pollution. Pour s’en prémunir, Alexandre Bizot recommande : dans un premier temps, il est nécessaire de bien respecter les normes et les réglementations imposés par le régime ICPE[1] (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement). Ensuite, la maintenance préventive et la surveillance des paramètres sont essentiels afin de déceler en amont une dérive technique qu’il faudra sécuriser. 

État des lieux de la méthanisation

La filière de méthanisation est encore relativement jeune, mais elle s'est fortement développée ces vingt dernières années, notamment en France, au point de s’imposer comme une filière industrielle et agricole de premier plan. Les premières installations françaises de cogénération ont ainsi vu le jour au début des années 2000, tandis que les installations d’injection de gaz sur le réseau ont émergé à partir des années 2010. On compte environ 1700 sites sur l’ensemble de la France avec une forte proportion dans le secteur agricole, détaille Alexandre Bizot. Nous avons constaté ces dernières années, un fort développement des centrales de méthanisation en injection avec, à la clé, un bon retour d’expérience technique sur ces installations et les différents expositions et problèmes rencontrés.

Les enjeux compliance

Les unités de méthanisation sont soumises à la réglementation sur les ICPE (rubrique 2781). Selon le tonnage d’intrants traité et la nature des déchets, l’installation doit faire l’objet d’une simple déclaration, d’un enregistrement ou encore d’une demande d’autorisation de la structure.

Bonnes pratiques à adopter / Conseil d’expert

Pour l’installation d’une unité de méthanisation, Alexandre Bizot explique la marche à suivre :
Tout projet d’installation d’un méthaniseur doit faire l’objet d’une étude d’impact environnemental et de concertations avec les riverains. Ensuite, il est important de s’assurer de la disponibilité, de l’approvisionnement et de la qualité des intrants. En parallèle, bien s’entourer et faire intervenir des intervenants qualifiés et expérimentés dès la phase de conception et ne pas négliger une formation solide pour l’exploitant.
Pour être conseillées et accompagnées dans une réflexion sur l’installation d’un méthaniseur, les entreprises peuvent s’adresser à des acteurs comme l’ADEME, des installateurs d’usines de méthanisation clé en main ou des bureaux d’étude, qui pourront les orienter pour les premières démarches.

MMA possède un portefeuille d’environ 250 installations de méthanisation. MMA a mis en place une offre d’assurance à partir des années 2005, dédiée aux centrales à dominante d’intrants agricoles, ce qui lui permet, au travers de l’analyse des dossiers techniques et des retours sinistres, de bénéficier d’une expertise solide dans ce domaine.

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